Un “pagne de tisserande”
Je suis descendante de tisserands Manjak mais on ne m’a pas transmis ce savoir-faire réservé aux hommes. Malgré tout, je sais que j’ai ça dans le sang, et je me couds un “pagne de tisserande”.
En pleine couture d'un pagne à franges, semblable à ce qu'un artisan tisserand pourrait réaliser à partir de simple fils de coton ou de lin blancs.
Ce long rectangle de tissu blanc m’a été offert il y a un an. C’est un grand morceau de tissu semblable à du lin ou du coton, et qui a été déchiré, plutôt que coupé aux ciseaux, d’un plus grand morceau de tissu. Je pense qu’il s’agissait d’une nappe car les 3 bords non déchirés ont été ourletés, avant que ce morceau soit rangé pendant des années dans un grenier.
Le tombé de ce tissu un peu lourd est parfait, comme châle. C’est une étoffe blanche de très bonne qualité et dont le touché est très agréable. J’ai décidé pour ce projet de simplement terminer le bord déchiré qui s’effiloche en enlevant les fils qui s’échappent, puis en réalisant une couture à la main pour stopper l’effilochage.
Le résultat est une pièce de tissu qui peut se porter en écharpe ou en cape attachée avec une broche. Les franges bougent avec fluidité en suivant les mouvements du corps, ce qui est un effet qui ne s’obtient pas avec toutes les qualités de tissu.
Des pièces semblables sont produites à ce jour par des fabricants de luxe ou des artisans indépendants parfois rattachés à un peuple et un savoir-faire culturel spécifique.
N’étant moi-même pas tisserande, la finition frangée réalisée en enlevant les long fils du bord est le plus proche dont je puisse pour le moment me rapprocher de cet art. Et c’est une réussite.