Je déteste internet.
Alors depuis début novembre, je me suis retirée.
Je déteste le monde dans lequel je vis.
Sourire sans profondeur, dépenser pour le plaisir de l’argent durement gagné, le besoin d’approbation de l’autre, le divertissement qui remplace le silence.
Je me sens bien à l’écart, mais je suis parfois obligée de me jeter dans la gueule d’un ogre qui ne recherche que son propre intérêt, surtout si c’est au détriment des autres. Le désespoir est un assaisonnement. J’ai essayé la grande ville, les études supérieures, la vie à l’étranger, les réseaux sociaux, le smartphone, le wifi. Je déteste.
J’ai en partie grandi sans internet et sans smartphone, car tout ça était trop cher. Je pouvais regarder la télé, et quand il n’y avait rien d'intéressant à regarder, se créait un moment rangement, dessin, couture, tricot, lecture et tant d’autres activités.
Ce sont justement ces activités, ou plutôt la spontanéité avec laquelle ces moments de temps libre appréciable se créaient qui me manquent. Je m’ennuie, je suis frustrée, j’attends qu’une mise à jour se fasse sur mon ordinateur ou j’attends un métro deux minutes sur le quai: je ne peux m'empêcher d’aller sur mon smartphone.
L’accès à internet est devenu mon oxygène et ça m’énerve… Alors je dois agir, n’est-ce pas?
Mais agir, c’est remettre ma vie en question. Car, que devient mon autoentreprise sans YouTube ou Instagram (que j'ai passé 4 années à construire) ? Comment vais-je pouvoir contacter ma famille qui se trouve à l’autre bout du monde sans WhatsApp? Et la paperasse administrative sans adresse électronique? Et la sécurité de mon compte en banque ainsi que la facilité du paiement en ligne sans mon smartphone?
Mon smartphone est trop obsolète pour l’application AirBnB. Mon ordinateur sera bientôt obsolète car le support pour Windows 10 prend fin d’ici quelques mois, et il n’y a pas de compatibilité possible avec Windows 11. Finalement, pas mal de signes concordent à ce que je mette fin à ce mode de vie hypra-digital !
En attendant de réfléchir à la suite des événements numériques, je continue de coudre, mais plus pour ma boutique, seulement pour le plaisir.
Je travaille en ce moment sur deux projets patchwork à porter, toujours 100% upcyclés: une robe bleu et rouge et un pagne blanc noir et denim.
En décembre:
On m’a cuisiné un ramen à la viande de porc à la maison.
J’ai emprunté le livre “Africa Fashion” à la bibliothèque.
J’ai transformé des jeans en accessoires au travail.
Après deux ans d’envie mais pas de moyens financiers, j’ai enfin acheté des boîtes de rangement (pas écolos) pour mon stock de vêtements et tissus à upcycler.
L’hiver est fait pour hiberner.
Millie 🤷🏾♀️